Israël et Palestine |
LES GROOMS EN ISRAEL ET EN PALESTINE 26 septembre au 1er octobre 2010 Spectacle « La Baronnade » et « Fanfare tout terrain »
Le responsable du festival de Bat Yam (Atay Citron) était venu nous voir jouer en août 2009 lors du festival « La strada » à Graz en Autriche. Dès ce moment, nous avons senti que cette tournée allait être différente de celles que nous avions connu par le passé : un membre du groupe a refusé de faire cette tournée en affirmant qu'il refusait de se rendre dans les pays « ensanglantés »... La tournée s'est tout de même organisée avec un musicien remplaçant et une chanteuse recrutée sur place en Israël. Nous lui avons envoyé les partitions et les enregistrements à l'avance pour qu'elle puisse travailler. Nous avons insisté pour ne pas jouer qu'en Israël et le directeur du festival de Bat Yam nous a donné des contacts en Palestine. C'est ainsi que nous avons pu aller jouer 3 jours du côté israélien et 2 du côté palestinien.
ISRAEL : 26 au 28 septembre 2010 L'arrivée sur place fut épique : nous jouions à Gien (45) à 20h le 25 septembre et il fallait commencer le spectacle à Bat Yam à 18h le 26... Heureusement, il n'y eut pas de retard et un comité d'accueil nous attendait juste à la sortie de l'avion vol pour nous emmener directement à Bat Yam. Bat Yam est une station balnéaire à la sortie de Tel Aviv après Jaffa. C'est une ville assez pauvre et décatie et les autorités ont décidé d'y organiser un festival pour y brasser la population d'origine modeste. Beaucoup d'immigrés juifs de Russie ont investi la ville. Dès notre arrivée sur place, il a fallu enfourner les costumes et commencer à jouer malgré la fatigue. Nous avons tout juste eu le temps de faire une petite répétition avec la chanteuse et nous voilà sur la piste... Notre chanteur a tout de suite perdu sa voix qu'il n'a retrouvé que le dernier jour de la tournée !!! Il a donc fallu faire sans lui et ses talents de comédiens... Le public a été formidable avec nous pendant toute la durée du festival : une incroyable ferveur, une chaleur humaine forte et des spectateurs ayant envie de s'amuser. On a senti un public amateur d'opéra chantant les airs avec nous et vibrant à chaque apparition de notre chanteuse d'opéra israélienne. Nous avions pour l'occasion travaillé un arrangement de Carmen très connu en Israël qui a remporté un fort succès. La chanteuse (Karin Shifrin) s'est pris au jeu et a même déclaré : « j'ai chanté avec de très grands chefs dans ma carrière dont Zubin Mehta. Mais ce que j'ai fait avec Les Grooms, c'est vraiment ce que j'ai fait de mieux... » Habituée à avoir le public loin d'elle et dans le noir, elle s'est soudain retrouvée au milieu de ses admirateurs fervents. Et l'émotion l'a gagnée... Malgré la chaleur et nos costumes épais, nous avons été portés par ce public tout au long du festival. Le « climax » a été atteint lors de la dernière prestation avec des spectateurs en délire !!! Tous les groupes présents n'ont pas eu notre chance : ceux qui avaient des besoins techniques particuliers ont connu de grosses difficultés car l'organisation est quelque peu défaillante sur place. Notre groupe n'ayant besoin de rien à part une bonne acoustique (pas toujours évident sur place) n'a pas connu de souci de ce genre. Par contre, malgré ce que nous entendons régulièrement dans les médias Français, nous n'avons pas du tout senti d'insécurité ni de malaise. Les Israéliens dans leur majorité ont l'air de se désintéresser du conflit, mangent du cochon et passent leur temps dans les bars à faire la fête !!! Notre arrangement d'un morceau d'Oum Kalsoum (grande chanteuse musulmane égyptienne) a paradoxalement été un des plus appréciés !!!! Le dernier jour du festival, une grande fête a été organisée à laquelle nous avons participée. Celle-ci s'est terminée au petit matin sur la plage...
PALESTINE : 30 septembre et 1er octobre 2010 Le directeur du Centre Culturel Français de Gaza Jean Mathiot a organisé toute la tournée. Malheureusement, nous n'avons même pas pu le rencontrer car il était bloqué dans Gaza par les autorités israéliennes sans avoir la permission de quitter le territoire... Du coup, un responsable très efficace et sympathique du CCF de Jérusalem dénommé Anthony Bruno nous a servis de guide et d'accompagnateur pendant tout notre périple. Jérusalem est la seule ville au monde à posséder 2 Centres culturels Français : un du côté Israélien et un du côté palestinien...Et évidemment ils ne s'apprécient pas beaucoup !!! Nous avons été logés dans le magnifique YMCA de Jérusalem perché sur les hauteurs de la ville. Notre première intervention a eu lieu dans la vieille ville à Jérusalem Est. L'ambiance était nettement différente de Bat Yam car le public ne nous attendait pas. Au départ du CCF, nous avons pu déambuler à travers les ruelles avant de rentrer dans les remparts de la ville. Personne ne comprenait vraiment ce que nous faisions là et le public était assez clairsemé. La grosse partie des spectateurs était composée d'enfants palestiniens. Notre tubiste contorsionniste a dû revêtir un pantalon plutôt qu'une jupe longue par peur de choquer la population. Et les responsables du CCF nous ont plusieurs fois demandé de ne pas s'arrêter à certains endroits par mesure de sécurité... La déambulation s'est terminée dans un centre d'aide aux handicapés mentaux sur les hauteurs de la ville. Nous avons fait un petit concert dans un lieu que les Israéliens voulaient reprendre aux Palestiniens (lieu très symbolique). Pour finir, les enfants du centre nous ont fait de petits cadeaux et un « bœuf » improvisé a eu lieu avec les Palestiniens. C'est seulement à la fin de la prestation que nous avons appris que la situation était extrêmement tendue dans ce quartier, qu'un meurtre avait été commis la semaine avant notre venue, que des comédiens du groupe Les Padox avaient été agressé pendant une prestation quelques mois auparavant. Les colons israéliens s'installent en fait dans des maisons de Palestiniens qui sont ensuite gardées jour et nuit par des soldats armés jusqu'aux dents. Et nous nous sommes produits juste en face de l'une de ces maisons sans le savoir. Pas étonnant que l'ambiance n'était pas formidable !!! Le lendemain, nous nous sommes rendus dans le camp de réfugiés d'Aïda créé en 1948. Ce camp est situé dans la ville de Bethléem juste de l'autre côté du mur (mur construit pour séparer les Israéliens des Palestiniens d'une longueur de 500km). A nouveau, c'est un responsable de l'alliance française de Bethléem qui a fait l'interface. Nous avons d'abord assisté à un spectacle de danse donné par des adolescents puis nous avons effectué une déambulation dans le camp (70% de chômeurs). Le public était bien plus nombreux et gai que la veille. Nous avons pu rentrer chez les gens pour faire des aubades, intervenir dans les magasins et une centaine de personnes (surtout des enfants) a suivi le spectacle. Au cours de la déambulation, les enfants sont devenus de plus en plus bruyants... jetant des petits cailloux sur les instruments puis des ballons dans le pavillon du tuba !!! J'ai malheureusement pris conscience que parfois la musique n'avait pas une grande utilité.... Quand les gens manquent de tout, ils n'ont pas forcément envie d'écouter de la musique. La musique ne sauve pas le monde comme certains peuvent le penser naïvement....Et seuls les enfants ont réellement paru intéressés par notre musique, les adultes ayant d'autres priorités. Ce qui nous a le plus choqué est le contraste entre la riche Jérusalem s'amusant 24h/24 et la partie Palestienne à quelques kilomètres de là appauvrie à l'extrême et souffrant de mille maux. Aller au mémorial de l'holocauste Yad Vashem le matin puis intervenir l'après-midi dans un camp de réfugiés palestiniens en passant les « checkpoints », les barbelés et les terrains vagues insalubres fut difficile à supporter... Nous remercions la SPEDIDAM pour l'aide financière accordée à notre groupe. Sans ce soutien, la tournée n'aurait pas pu avoir lieu. Nous remercions également Ati Citron, Anthony Bruno et Patrick Girard. Nous avons été heureux de pouvoir aller à la fois en Israël et en Palestine afin d'essayer de mieux comprendre cette partie du monde. La partie palestienne de la tournée fut à la fois plus difficile artistiquement mais également plus instructive. |